Depuis quelques années, l’Airfryer s’est fait une place de choix dans nos cuisines, vanté comme une alternative “saine” à la friture traditionnelle. Mais derrière ses promesses croustillantes sans excès d’huile, une étude récente soulève une inquiétude : la formation possible d’un composé réputé suspecté de risque pour la santé.
La popularité de l’Airfryer face à une menace chimique
Quand j’ai acheté mon premier Airfryer, je l’ai vu comme une réconciliation entre gourmandise et conscience. L’idée : “faire des frites sans culpabilité”. Et pour beaucoup, c’est exactement ça : une cuisson par convection d’air chaud, qui réduit drastiquement le besoin en huile. En théorie, cela promet une diminution importante des graisses – ce qui justifie son succès dans les cuisines “healthy”.
Mais voilà : une équipe de chercheurs turcs a mesuré la quantité d’acrylamide dans des pommes de terre cuites à l’Airfryer, en friture classique et au four. Surprise : les frites Airfryer affichaient 12,19 μg/kg d’acrylamide, contre 8,94 μg/kg en friture traditionnelle et 7,43 μg/kg au four. Cela suggère que l’air chaud, combiné à des températures élevées, pourrait favoriser la formation de ce composé considéré comme “probablement cancérogène” par le CIRC (groupe 2A).
Ceci dit, les chercheurs insistent : la différence n’était pas statistiquement significative. Autrement dit, le phénomène est détectable, mais pas encore suffisant pour tirer une conclusion définitive.
L’acrylamide : qu’est-ce que c’est ? Et à quel risque s’exposer ?
L’acrylamide se forme lors de la cuisson à température élevée (souvent au-delà de 120‑150 °C) d’aliments riches en glucides et pauvres en protéines — pommes de terre, céréales, pain grillé… Il résulte de la réaction de Maillard, cette fameuse chimie culinaire qui donne couleur, arôme et saveur aux aliments dorés.
Classé “probablement cancérogène pour l’humain” (groupe 2A), l’acrylamide reste sous l’œil attentif des agences sanitaires. Des études sur animaux ont montré un lien dose-effet avec des mutations et des tumeurs. Chez l’humain, les données épidémiologiques sont plus nuancées — les résultats sont pour l’instant inconstants.
En bref : ce n’est pas un verdict alarmant, mais un signal qu’il faut prendre en compte.
Comment limiter l’exposition dans votre cuisine ?
Heureusement, l’étude ne dit pas qu’il faut renoncer à l’Airfryer. Elle invite à la prudence, et propose des stratégies pratiques pour réduire la formation d’acrylamide — des gestes que j’applique moi-même quand je prépare mes recettes de pommes de terre :
- Tremper les pommes de terre coupées dans de l’eau (15 à 30 minutes) avant cuisson. Cela aide à éliminer une partie de l’amidon, précurseur d’acrylamide.
- Éviter les températures excessives : rester dans une plage modérée (ex. 140‑160 °C) et prolonger légèrement le temps de cuisson plutôt que d’augmenter la chaleur.
- Surveiller le brunissement : dès que les aliments commencent à être bien dorés (sans zones noires ou brûlées), interrompre la cuisson.
- Choisir des variétés de pommes de terre à faible teneur en amidon : certaines espèces produisent moins d’acrylamide.
- Éviter de surcharger le panier : laisser circuler l’air librement limite les zones surchauffées.
- Alterner les modes de cuisson : ne pas tout faire à l’Airfryer, mais inclure des cuissons vapeur, au four doux, ou à l’étouffée.
Friteuse sans huile : toujours un “moins pire” ?
Malgré cette alerte, l’Airfryer conserve des atouts indéniables. Son principal bénéfice reste la réduction significative des graisses par rapport à la friteuse classique — moins d’huile absorbée, donc moins de calories et de graisses saturées.
L’idée est d’adopter une approche “risque-bénéfice” (souvent utilisée en nutrition : on pèse ce qu’on gagne contre ce qu’on risque). Pour l’instant, aucun organisme de santé ne recommande d’abandonner les friteuses sans huile, mais plutôt de les utiliser intelligemment.
Des recherches complémentaires sont en cours, et des fabricants explorent déjà des systèmes de régulation thermique plus fins, ou des technologies de ventilation avancées pour limiter l’acrylamide.
En attendant, si vous voulez, je peux vous proposer une version “Airfryer à moindre risque” : une recette optimisée pour minimiser l’acrylamide (choix d’ingrédients, température, temps). Dites-moi si ça vous tente.



